Dernier jour 12h33

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Agence France Presse, Londres, aujourd'hui, 12h33. L'Union des Lords annonce le don à l'État d'une nouvelle tranche très importante des biens immobiliers et mobiliers des grandes familles nobles du Royaume-Uni. Cette échéance symbolique du calendrier annoncé l'année dernière qui a pour but de soutenir l'effort britannique dans l'espace a été saluée unanimement en Angleterre. D'autres mouvements du même type fleurissent par le monde. Souvent, c'est du côté des industriels qu'on trouve les donateurs, et la surenchère semble sans limite, avec un don de deux milliards d'Euros hier de la part de la famille Varkenter, qui contrôle le géant du vêtement pour ados du même nom !

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— Tu as raison Ada, ils sont deux, confirma Rita. Je les vois maintenant. Enfin, j'aperçois par intermittence les anomalies dans les vidéos qui sont engendrées par les manipulations qui couvrent leurs déplacements. J'ai repris les enregistrements depuis le moment où nous sommes sortis du souterrain et j'ai trouvé la trace du deuxième homme. Le premier homme est sorti du souterrain juste après nous. Quant au deuxième homme, il est parti se cacher après avoir tiré sur le policier. D'ailleurs, c'est un miracle que nous soyons partis de l'autre côté, sinon, il nous aurait sûrement suivis ! Maintenant, ces deux-là se sont regroupés. Ils quadrillent le secteur à deux rues au nord d'ici, mais ils sont sérieusement contrariés par la police qui ratisse la même zone. Ni eux ni la police ne semblent comprendre qu'on ait pu leur échapper. L'un des policiers vient de faire des grands mouvements devant l'une des caméras. Je crois qu'il a fait cela pour défendre auprès de l'un de ces collègues la thèse que les caméras fonctionnent correctement, ce qui est exact. Cependant, je pense qu'ils ne vont pas mettre longtemps à comprendre que c'est le traitement des flux qui est truqué.

— Il faut qu'on se tire, fit résolument Michael.

Ada soupira.

— Pour aller où ?

— Ada, ce n'est pas le moment de baisser les bras.

Elle le fusilla du regard.

— Je ne baisse pas les bras.

Rita les interrompit :

— Ada, la police vient d'émettre à ton nom un mandat d'arrêt pour le meurtre d'un agent des forces de l'ordre. Le cas est explicitement lié au tien, Michael.

— Qu'est-ce que ça change, demanda Michael ?

— Ils vont nous tirer comme des lapins, répondit Ada.

Rita répliqua :

— Premièrement, la police va redoubler d'effort pour nous retrouver et, deuxièmement, un tel mandat est automatiquement international et n'a pas de prescription.

— Oh non ! gémit Ada. Le beau plan de Morgan tombe à l'eau.

— De quel plan s'agit-il ? demanda Rita.

— Elle voulait nous faire sortir de Santa-Maria en hélicoptère, pour nous déposer dans un endroit tranquille dans le désert. Mais maintenant, ce plan ne vaut plus rien ! Quitter le pays ne nous sauvera pas ! Michael, j'ai tout fait foirer. Pourquoi je n'ai pas pris cette arme ? Pourquoi ?

Des larmes dans les yeux, elle se laissa tomber assise, dos au mur en béton brut. Elle soupira d'abattement en secouant la tête. Michael hocha la tête.

— On ne t'a pas laissé le temps de réfléchir, voilà pourquoi. Et je ne pense pas que l'absence de l'arme du crime ait changé grand-chose à notre situation... ils auraient mis le mandat sur mon dos.